Coronavirus, Covid-19, confinement volontaire ou obligatoire, distanciation sociale... billet bien personnel

Je n’avais jamais utilisé ces mots, jamais.
Je ne les avais même jamais entendus, quoique ‘’confinement’’…
Maintenant, je les entends trop ou pas assez ?

En février, lorsque je préparais mon voyage au Japon, j’ai commencé à entendre tous ces mots sans savoir quelle importance ils prendraient. Je me suis beaucoup questionnée, j’ai lu alors sur ce virus. À l’époque, c’était encore lointain qu’en Asie ou presque. Cette année, je m’étais promise de sortir de ma zone de confort, de choisir un autre continent. Bravo girl, bon timing!!!

23 février, qu’une vingtaine de cas (si je me souviens bien) à Tokyo et 1 à Kyoto. Rien pour nous faire peur… mais les médias prédisaient déjà l’apocalypse. J’ai pesé le pour et le contre, j’ai eu des passes d’anxiété je l’avoue. J’en ai mal dormi et je m’en suis remise au gouvernement. Je me suis même inscrite sur leur site en tant que canadienne voyageant au Japon. Première pour moi, je m’étais jamais inscrite.

Le 29 février, date de mon départ, le Japon était toujours en ''niveau de risque 1 : Prenez les mesures de sécurité normales’’ . Le gouvernement n’empêchait pas les voyageurs de partir. Il n’était pas question de confinement même pas volontaire. Rien.
Je suis partie en promettant au troupeau de revenir si le ''niveau 3: éviter tout voyage non-essentiel'' tombait, assurance ou pas. Promis.

J’ai quitté avec tout un attirail : des masques N95, une tonne de lingettes pour les mains et d’autres pour les meubles et du gel désinfectant à n’en plus finir.
Je suis arrivée à Tokyo, saine de corps pour l’esprit on repassera. 
En sortant de l’avion, en me sentant un peu imposteur, j’ai enfilé mon 1er masque. Autour de moi, 80% des gens avait un masque, j’étais moins mal à l’aise. Bizarre cette sensation, j’assumais pourtant ma décision du port du masque à 100%. 
J’entendais des messages dans la gare du genre ''Le gouvernement vous invite à vous laver les mains’’. J’ai pris le train pour Kyoto.
Là-bas, je ne sentais pas du tout le stress qu’engendrait ce virus, rien. Les gens étaient un peu moins masqué, surtout les touristes. Bizarre.
Personnellement, je portais mon masque et le changeais 3 fois par jour, aux 4 heures. Je me lavais les mains frénétiquement, les désinfectais aussi. J’arrivais dans un endroit et passais la lingette désinfectante sur la table au risque de paraître un peu ‘’freak’’. Je n’ai jamais vu personne le faire…mais bon, je le faisais. 
Et je surveillais le niveau de risque du Japon sur le site du gouvernement deux fois par jour, j’étais prête, prête à revenir.

J'ai profité de mon voyage même si plusieurs attractionsétaient fermées. Me promener, voir les temples me faisait un grand bien. Je foulais l’Asie pour la première fois, j’avais tant à voir. J'étais à Kyoto, saine de corps et d'esprit. 
Le voyage se passait à merveille, j’ai vu de magnifiques places, j’ai rencontré de beaux humains. J’ai appris, je me suis émerveillée, j’ai trippé! 
Ce fut un magnifique coup de cœur le Japon, j’y retournerai.

Le 8 mars, le niveau de risque change ''niveau de risque 2 : Faire preuve d’une grande prudence’’. Ça pop à Hokkaido, Hakodate… je rassure mon entourage via le net, c’est sur l’île à côté.
Autour de moi, à Tokyo, je ne sens pas du tout le stress. Aucune prise de température, aucun avertissement à outrance. Je continue de faire hyper attention, de suivre toutes les recommandations. Le gouvernement ne recommande pas le retour. J'étais à Tokyo, saine de corps et d'esprit. 

Je vais bien, aucun symptôme. Mais je sais que cela ne veut rien dire. Je suis revenue comme prévu le 10 mars. 
Rien ne présageait le chamboulement qui allait se passer le vendredi 13. Rien.
Ensuite tout a déboulé et vous connaissez la suite… Mon isolement volontaire finissait aujourd’hui, car le 10 c'était encore volontaire. 

J’ai l’impression que cela fait des mois, que j’ai rêvé ce voyage.
Mes photos me le rappellent, ma valise qui n’a pas été rangé, mais désinfectée, me le rappelle aussi. Je devrais d’ailleurs la ranger, j’ai le temps.
Je la rangerai ne sachant pas quand elle ressortira. Je pense à l’Italie, qui vit l’apocalypse annoncée. L’Italie que je ne verrai pas en mai.

Je suis à Montréal, saine de corps pour l’esprit on repassera.
Kyoto, 3 mars 2020
Souvenir de voyage. Ma famille et mes amies savent à quel point je n'aime pas les selfies. Mais pour les faire rire (et les rassurer) à distance, j'avais pris celui-là, à la japonaise avec le ''V'' de victoire. Je ne me doutais de rien...

Un immense merci à Air Canada pour le surclassement en classe affaire. C'était ma première expérience. J'ai pu découvrir le menu d'Antonio Park et surtout dormir. Le vol sans escale Montréal/Tokyo est un must!
Je parlerai de cette expérience lorsque la tempête se sera calmée. 

Prenez soin de vous et restez à la maison!